Raymond Queneau (1903-1973) fut, avec André Breton, Robert Desnos, Paul Eluard, Louis Aragon, l’un des fondateurs du mouvement surréaliste, auquel nous devons très largement l’essentiel des mutations artistiques en général et poétiques en particulier. Queneau a dirigé longtemps le comité de lecture de la NRF et suscité et accompagné l’évolution des arts de notre époque. On lui doit, entre autres, une remarquable étude sur la réforme de l’orthographe, préface à une anthologie que j’ai publié dans le cadre des éditions des "jeunes auteurs réunis". Derrière ses assauts d’humour et de rire, Raymond Queneau cachait une sensibilité extrême qui le rendait particulièrement vulnérable. Attentif comme personne, il a encouragé et rendu possible la publication d’auteurs qui sans lui seraient probablement restés dans l’ombre. Je n’ai jamais connu d’écrivain de son altitude qui ait, comme lui, présenté et défendu avec autant de fougue des "jeunes auteurs" qui, je me répète, sans lui avaient toutes chances de ne pas être connus et encore moins "reconnus". Restons-en là. Queneau, en plus d’être un écrivain et un poète de premier plan, fut un " homme de coeur", espèce qui n’encombre pas les milieux littéraires! Qui me démentira?
via Les poètes parlent des poètes : Raymond Queneau par Jean-Pierre Rosnay.