S’il est un poète qui épousa totalement son époque et par là même la représente mieux que personne,
c’est bien Robert Desnos, né avec ce siècle en 1900. Robert Desnos devait trouver la mort en Tchécoslovaquie,
au camp de concentration de Terezin,en 1945, le jour même où les alliés libéraient son camp.
Résistant de la première heure (1940) membre du réseau Action, que dirigeait le colonel Hollard (toujours vivant). Desnos nous a laissé quelques-uns des poèmes les plus significatifs de la Résistance active, notamment Le veilleur du Pont au Change. Pourtant, rien ne semblait désigner ce poète tendre et « farfelu », ce surréaliste, champion de l’humour noir et de l’écriture automatique à un destin aussi tragique. André Breton, pape du surréalisme, présenta Desnos, comme le plus doué du mouvement, Aragon le célébra dans un magnifique poème, que mit en musique et chanta Jean Ferrat. Homme de son temps, Desnos fut, avant la guerre, producteur et animateur d’émissions de radio et concepteur de messages publicitaires, où son imagination faisait merveille. Ce qui aura certainement le plus contribué à immortaliser l’oeuvre de Robert Desnos, c’est la place qu’il donna dans sa poésie, à l’enfance. Tous les enfants de France connaissent la Fourmi de dix-huit mètres, avec un chapeau sur la tête, l’Éléphant qui n’a qu’une patte et le Pélican de Jonathan. Merci Robert Desnos (dit aussi Robert le Diable), votre vie et votre oeuvre ont donné de la saveur et des couleurs à un siècle qui en avait bien besoin. Puisse-t-il ne pas les perdre !
Jean-Pierre Rosnay